Chroniques - Chapitre VI

Publié le par Dimitri EVSTRATOV

Maxwell Warwick Pickleborrow étudiait minutieusement le bijou que lui avait remis le prêtre. Croupissant dans les laboratoires du commissariat, il l'observait sous toutes ses coutures. C'était une chevalière en or à vingt carats poinçonnée. Sur le chaton ne figuraient pas des armoiries, comme on pouvait s'y attendre, mais une lettre calligraphiée couronnant une date : L 17/10/01. Mais que représentait ''L'' ? L'initiale du nom du coupable ? De son prénom ? Et cette date ?

L'anneau était de taille 59, mais si il s'était retrouvé sur le fond d'un bénitier, c'est que le diamètre était trop grand pour le doigt sur lequel il était porté. Cependant, il avait été fait sur mesure, ce qui n'était pas donné. Cela ne servait à rien d'essayer d'identifier des empreintes digitales, l'eau avait tout effacé. Vu l'état irréprochable de la chevalière, il était peu probable qu'elle soit ancienne, et il était donc inutile de passer des heures interminables perdu dans les archives. Au final, l'inspecteur n'était pas plus avancé. Bien au contraire : ce bijou soulevait plus de questions qu'il n'apportait de réponses. Pickleborrow espérait que les recherches avaient été plus fructueuses du côté de Harly et de son équipe. Il jeta un coup d'oeil à la pendule : 12 h 09, il était temps de faire une pause et manger un morceau. La nourriture à la cafétéria du commissariat était immangeable, et c'est pourquoi il prenait toujours la peine d'emporter une ''lunch-box'' avec lui, contenant une paire de sandwichs, une pomme et une petite bouteille d'eau, le tout méticuleusement préparé et emballé par sa femme. Les sandwichs étaient toujours les mêmes, mais il les consommait avec toujours autant d'appétit. Il se rendait toutefois dans la cafétéria afin de discuter avec ces associés. Cette fois, il s'installa à une table avec quelques agents du département ''Stupéfiants'', sortit sa bouteille, but une gorgée et sentit son smartphone vibrer contre sa cuisse. L'inspecteur s'excusa auprès de ses collègues et décrocha :

- Inspecteur Pickleborrow.
- Re-bonjour, inspecteur ! Bronwley à l'appareil.

- Faites très attention à ce que vous allez dire, Bronwley ! Répondit Pickleborrow.

- Non, non, rien de tout ça. J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer... Je commence par laquelle ? Demanda la voix à l'autre bout du fil.

- Non mais sérieusement, Bronwley ! Vous vous croyez où ? Dans les « Feux de l'amour » ? Dites moi ce que vous avez à dire et retournez bosser ! Rétorqua l'inspecteur, agacé.

- Bon, bon... Comme vous voudrez. On a du nouveau.

- Qu'y a t-il, agent ? Questionna Pickleborrow, las.

- Vous devriez venir voir, inspecteur, ça vous fera une petite surprise. Prononça le policier, d'un ton enjoué.
- Bordel de merde, Bronwley ! Vous croyez que c'est un jeu ? Passez moi Harly ! Beugla Maxwell, s'attirant l'attention de l'ensemble de la cafétéria.

- Joseph Harly, j'écoute.
- Non, c'est moi qui vous écoute, Harly. Balbutia l'inspecteur, les joues rouges et serrant les dents.

- On a rien trouvé dans le périmètre de sécurité, en revanche le curé a fait une découverte assez inattendue dans une tirelire.

- Putain ! On n'est pas dans un thriller, officier ! Je me fous de votre suspense à deux balles ! Dites-moi ce qu'il y a et qu'on en finisse ! Attendez, dans quelle tirelire ? Hurla l'interlocuteur de Harly, hors de lui, se voyant de ce fait obligé de quitter le réfectoire.

- Dans une sorte de tirelire en bois avec un crucifix dessus. Marmonna le policier.
- Ça s'appelle un tronc, Joseph... Répliqua Pickleborrow, épuisé.

- Si vous voulez. Il a trouvé quelques dents humaines, apparemment sauvagement arrachées à son propriétaire.

- Des dents ? Demanda l'inspecteur, étonné. Très bien, ne bougez pas et ne touchez à rien, j'arrive. J'ai encore quelques rapports à rédiger sur la bague et l'affaire au sens plus général et je vous rejoins. Conclut-il en raccrochant.

« Quel connard ! » pensèrent Harly et Brownley.

« Quels incapables ! » pensa Pickleborrow.

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